Biostimulants Une agriculture survitaminée dans les champs
Extraits d'algues, de végétaux, de minerais ou micro-organismes, les biostimulants qui favorisent la croissance des plantes en renforçant leurs défenses, à la manière des vitamines, promettent une nouvelle révolution dans les champs.
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« On est encore au tout début, peu de gens connaissent les biostimulants et leur usage reste assez confidentiel », sans doute 5 % des cultures dans le monde estime Michel Ponchet de l'Inra. (© Terre-net Média) |
Dans ce secteur encore vert, les entreprises pionnières fonctionnent souvent sur le modèle des start-up internet, mais quelques poids lourds sont déjà sur le créneau. C'est d'ailleurs Giuseppe Natale, Pdg du groupe italien Valagro, spécialisé dans les engrais, qui a pris la tête des 31 fabricants européens réunis dans le European Biostimulants Industry consortium (Ebic).
Réglementation en préparation à Bruxelles
« C'est encore un marché de niche de 400 millions d'euros en Europe, dont 60 millions en France. Mais nous sommes en train de prendre du retard par rapport aux Etats-Unis, faute de cadre réglementaire », prévient Giuseppe Natale dans un entretien à l'Afp. « Nous avons une grande variété d'acteurs, dont des petites start-up qui ont besoin d'investissements en R&D, mais pour ça, il nous faut une réglementation européenne harmonisée : que fait-on de fraises produites en Espagne avec des biostimulants et vendues en Belgique ? »
Actuellement, les biostimulants sont assimilés à des fertilisants : « ça entretient la confusion dans l'esprit des consommateurs ». Une réglementation en préparation à Bruxelles devrait pouvoir être adoptée d'ici 2015, indique Eric Liégeois, responsable du dossier à la direction Industrie de la Commission européenne - qui glisse en passant que « ce n'est pas tous les jours que l'industrie demande à être réglementée ». « Obtenir la marque CE répond au besoin d'une reconnaissance pour rassurer les agriculteurs », justifie-t-il.
Un gage de sérieux et d'inocuité destiné aussi aux consommateurs. La procédure, poursuit Eric Liégeois, devrait s'apparenter à celle du règlement Reach pour les produits chimiques, soit une demande d'enregistrement des substances sur la base d'une déclaration. « Et si elle n'est pas jugée acceptable, un filet de sécurité sera mis en place, voir un avis négatif qui vaudra interdiction ou restriction d'usage ». Le point de vue de Bruxelles est en tout cas favorable : « tout est bon à prendre désormais en agriculture, surtout dans des situations où la chimie ne peut rien faire », dit-il, citant le stress hydrique ou la température.
A condition d'éviter « la poudre de perlimpinpin », relève aussi Michel Ponchet qui se méfie « des effets d'aubaines » sur les nouveaux marchés. D'autant qu'il juge la piste prometteuse. « J'y crois surtout pour les pays du sud : c'est une piste d'avenir pour faire avancer l'agriculture familiale vers l'autosuffisance », assure le chercheur.
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